Reconnaissance des végétaux : l’oeil et la mémoire
Les établissements d’enseignement agricole participent au concours national de reconnaissance des végétaux. Des épreuves régionales précèdent une finale nationale, à Lyon. Les prix décernés permettent de valoriser les lauréats sur le marché du travail, mais le concours rayonne sur toute la profession.
Une filière d’excellence. C’est le message que souhaite faire passer Val’hor, l’interprofession des métiers du végétal, en partenariat avec plusieurs structures professionnelles (horticulture, pépinières, paysage). Depuis 2011, elle organise pour cela le concours de reconnaissance des végétaux (CNRV) dans toutes les régions de France. Ces concours régionaux sont ouverts aux apprenants depuis le niveau 3 (CAP, BEP, BPA et équivalent) jusqu’au niveau 7 (master, diplôme d’études approfondies, diplôme d’ingénieur). Seule condition : être inscrit dans une formation en aménagements paysagers, productions horticoles, commerce-vente ou fleuristerie. À chaque niveau d’études correspond une catégorie pour le concours. Ainsi, depuis le début, 5 393 jeunes ont participé aux sélections régionales, 446 se sont qualifiés pour la finale nationale et 122 ont été récompensés par un prix.
Les lauréats régionaux de chaque épreuve dans les catégories aménagements paysagers, productions horticoles et distribution/commerce/vente seront invités à représenter leur région lors de la finale nationale, qui se déroulera les 6 et 7 décembre 2023, à Lyon, à l’occasion du Salon Paysalia. L’objectif du concours est de sensibiliser les apprenants à l’importance de l’identification du végétal et de valoriser leur investissement dans leur formation.
Un investissement qui se valorise
L’école du Breuil, à Paris, une école qu’on ne présente plus dans le milieu de l’horticulture et du paysage, participe activement au CNRV. Laurent Renault y enseigne, mais il est également membre du jury. L’établissement se prête bien à l’exercice, puisque de nombreuses plantes sont disponibles sur place, dans les jardins ou les serres, parmi les 630 inscrites sur la liste. « L’école a 150 ans, c’est une vitrine et le CNRV est un marqueur de notre réputation et de notre profession », indique Laurent Renault. Les programmes pédagogiques contiennent des heures supplémentaires dédiées au concours. Les jeunes commencent leur préparation seuls, grâce à un système dédié qui localise les plantes dans le jardin de l’établissement. « Cela favorise l’autonomie dans l’apprentissage, mais aussi la rigueur et la constance, car la seule solution est de répéter, répéter, répéter. Être lauréat de ce concours est très valorisant sur le marché du travail, davantage même qu’une mention sur le diplôme », explique l’enseignant. Certains étudiants sont même particulièrement doués pour cet exercice, ce qui peut leur redonner confiance, il y en a même qui deviennent enseignants dans cette discipline. Cependant, Laurent Renault met en garde : « Certains élèves savent reconnaître, mais pas associer les végétaux. C’est une compétence très spécifique qui peut masquer des difficultés ailleurs. »
Pénurie de candidats
Il enchaîne en déplorant n’avoir pas de candidat à présenter cette année, en partie à cause de la réforme du diplôme : « Auparavant, la reconnaissance de végétaux faisait l’objet d’une évaluation dans un module spécifique. Cela demandait du travail. L’enseignement est toujours là, mais les élèves préfèrent investir leur temps de travail sur des épreuves comptant pour le diplôme et le CNRV se fait sur la base du volontariat. » En tant qu’enseignant, il rappelle qu’un concours ne reflète pas le niveau d’une formation : « Il ne faut pas distinguer les trois meilleurs et laisser le reste des élèves derrière. Un concours n’aide pas celui qui est en difficulté. » Quoi qu’il en soit, une délégation de l’école du Breuil participera au concours début décembre : des épreuves sont également organisées pour les professionnels au niveau national.
Marc GUILBAUD (Tribune Verte 3030)
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