Mal-être agricole : face au fléau silencieux, ces acteurs en action 

Touchant exploitants et salariés, le mal-être agricole est un enjeu majeur en France, exacerbé par des pressions économiques, sociales et culturelles. La Mutualité Sociale Agricole déploie une série de dispositifs de prévention et d’accompagnement, de l’écoute anonyme aux cellules pluridisciplinaires, en passant par des aides spécifiques. A ses côtés, tout un réseau d’acteurs se mobilise pour briser l’isolement et soutenir ceux qui en ont besoin. 

Le mal-être agricole est un phénomène complexe qui peut affecter aussi bien les exploitants que les salariés agricoles. Il est souvent caractérisé par un cumul de plusieurs facteurs de tension très spécifique à l’exercice du métier : difficultés personnelles ou familiales, problèmes de santé liés ou non au travail, charge de travail elle-même ou encore poids social et culturel que représente l’activité agricole dans la société française. 

Les dernières études de la Mutualité Sociale Agricole (MSA) révèlent un taux de mortalité par suicide plus élevé chez les assurés du régime agricole, atteignant un sur-risque de 60 % chez les 15-64 ans et de 73 % chez les plus de 65 ans. Face à cette réalité alarmante, la MSA continue d’innover et d’élargir ses dispositifs pour répondre aux besoins croissants des agriculteurs en détresse. 

Une mobilisation de longue date  

Si son engagement s’est formalisé pleinement dès 2011, lorsque le ministère de l’agriculture lui confie le pilotage du 1er plan de prévention du suicide des agriculteurs, elle est aujourd’hui reconnue comme un acteur essentiel de la mise en œuvre de la feuille de route interministérielle pour la prévention du mal-être et pour l’accompagnement des agriculteurs et des salariés agricoles de novembre 2021.  

« Mais l’investissement de la MSA dans la prévention du mal-être va au-delà du plan ministériel, insiste son président Jean-François Fruttero. Notre expertise du terrain, acquise grâce à nos élus bénévoles présents sur l’ensemble du territoire, nous donne les clés pour mieux comprendre les sources du mal-être agricole et mettre en place des dispositifs de soutien adaptés à chacune des situations que nous rencontrons. » 

Agri’écoute : une ligne de soutien ouverte 24h/24 

Parmi les dispositifs phares déployés par la MSA, le Service d’Écoute Anonyme et Gratuit Agri’écoute permet aux agriculteurs, aux salariés et à leurs proches d’échanger avec des psychologues formés à la gestion du mal-être dans le milieu agricole, et ce, 24h/27 et 7 jours/7 en appelant le 09 69 39 29 19. Grâce à une écoute active, leur objectif est d’aider la personne en difficulté à prendre du recul par rapport à une situation personnelle douloureuse, compliquée ou de crise. Ils favorisent ensuite la meilleure orientation de l’adhérent, et amorcent ainsi la mise en place de solutions concrètes adaptées à sa situation. 

Agri’écoute dispose également d’une plateforme de discussion en ligne, agriecoute.fr, permettant d’échanger directement avec des psychologues par tchat, mail ou visio-consultation, et de prendre rendez-vous pour un appel téléphonique ultérieur.  

Afin de repérer les personnes en situation de mal-être et de les orienter vers les ressources qui peuvent les aider, la MSA a également déployé un réseau des sentinelles est composé de volontaires formés au repérage des signes précurseurs du mal-être. Retrouvez plus d’infos sur le sujet dans cet article

Les cellules pluridisciplinaires : un accompagnement global 

Pour accompagner au mieux ses ressortissants confrontés à des situations de détresse, chaque MSA dispose aussi d’une cellule pluridisciplinaire de prévention (CPP) du mal-être à destination des salariés et non-salariés agricoles et de leurs familles. Actives depuis 2012, ces cellules regroupent es référents des services de l’action sociale, de la santé au travail, la prévention des risques professionnels, la médecine conseil, la prévention santé, la relation de service, des services réglementaires et du contentieux. Un professionnel de santé (souvent un psychologue), externe ou interne à la MSA, complète la cellule. Elles sont organisées pour réceptionner les signalements qui leur permettent ensuite d’accompagner et d’orienter les personnes en situation de mal-être. 

En 2023, elles ont traité près de 5 830 signalements (dont certains émanant des sentinelles), soit 31% de plus que l’an passé. 

Des aides adaptées pour soulager les agriculteurs en détresse 

Le mal-être peut trouver sa cause ou être précipité autant par des problématiques personnelles que par des difficultés professionnelles, financières ou environnementales. C’est pourquoi la MSA propose une multitude d’aides, adaptées à la situation de chacun. Soutien’agri est le guide en ligne référençant l’ensemble de ces aides, dont l’aide au répit. Cette dernière peut se traduire par des aides au remplacement, un accompagnement social, et depuis 2024, par le financement d’une prestation de soutien administratif. 

En 2023, le dispositif d’aide au répit a permis d’accompagner 4 514 bénéficiaires (soit 15% de plus qu’en 2022), dont 3 613 d’exploitants et 901 de salariés agricoles.  

Tout un réseau d’acteurs mobilisés 

En complément de l’action essentielle de la Mutualité Sociale Agricole (MSA) dans la prévention du mal-être agricole, d’autres acteurs jouent un rôle clé pour accompagner les agriculteurs en difficulté. C’est le cas des chambres d’Agriculture à travers leurs cellules Réagir, leur permettant ainsi de se rendre encore plus visibles pour les agriculteurs en difficulté afin qu’ils aient le réflexe de venir chercher des interlocuteurs pour les aider, avant même qu’ils ne se trouvent en difficulté grave. 

L’association Solidarité Paysans est un réseau d’entraide qui accompagne les agriculteurs en difficulté, notamment ceux confrontés à des dettes ou à des situations de précarité. L’association propose un suivi personnalisé, une médiation avec les créanciers et un soutien moral pour aider les exploitants à sortir de l’isolement et à retrouver une perspective d’avenir. 

Le groupe Agrica, spécialisé dans la protection sociale du monde agricole, met également en place des actions de prévention des risques psychosociaux et soutient les agriculteurs et leurs familles dans les moments de fragilité. 

Enfin, Vivéa, le fonds de formation des entrepreneurs du vivant, aide les agriculteurs à se former tout au long de leur carrière. En favorisant l’acquisition de nouvelles compétences, Vivéa leur permet de mieux s’adapter aux évolutions du secteur, de diversifier leurs activités et de retrouver un équilibre professionnel, essentiel à leur bien-être. 

L’ensemble de ces acteurs, aux côtés de la MSA, forme un réseau solide pour soutenir les agriculteurs face aux difficultés qu’ils rencontrent. Leur complémentarité permet d’apporter des réponses globales et adaptées aux enjeux du mal-être agricole, alliant prévention, accompagnement et solutions concrètes.