Les produits bio n’ont pas dit leur dernier mot

Publié le 19 septembre 2023
Temps de lecture estimé : 3 min

La croissance du marché des produits bio marque le pas pour la première fois de son histoire en 2022. En cause, l’inflation, mais aussi une filière qui doit mieux s’organiser pour répondre aux attentes des consommateurs.

«Le marché doit se piloter désormais autant par l’offre que par la demande », estime Laure Verdeau, directrice de l’Agence Bio. On ne peut être plus clair : les produits bio à force de croître sortent de leur niche et rentrent dans un marché plus concurrentiel, plus «classique ». » L’inflation sert de catalyseur pour prendre conscience d’une clientèle, certes sensible aux bienfaits des produits bio, mais qui n’a pas la fibre militante. Au final, les produits bio ne représentent plus que 6 % en 2022 dans le panier de la  ménagère. Pourtant, le potentiel de production est là. Les efforts menés depuis des années, tant par la profession que par les pouvoirs publics, ont amené plus de 60 000 fermes à s’engager en bio, pour une surface de 2 876 000 ha, la plus grande d’Europe, soit 10,5 % de la SAU nationale. Avec + 3,5 %, le nombre d’agriculteurs bio continue de progresser en 2022, mais à un rythme nettement inférieur qu’en 2021 (+ 9 %). Le solde entre les arrivées (9,1 %) et les sorties du bio (5,6 %) reste encore positif, mais traduit un réel coup de frein dans la dynamique des conversions.

Bichonner le consommateur

La clé se trouve donc du côté des clients. 92 % des produits bio sont vendus pour une consommation à domicile, au travers de quatre circuits de distribution : 18 000 en grandes et moyennes surfaces, 3 086 magasins spécialisés, 80 petits commerçants et 26 300 fermes qui vendent en direct. Les magasins spécialisés accusent la plus forte baisse, avec – 8,6 %. 200 d’entre eux ont fermé leurs portes en 2023. En revanche, les fermes affichent une progression de 3,9 %. Les Français souhaitent donc concilier bio et local pour leur alimentation. Néanmoins, un récent sondage montre des consommateurs qui remettent en question la réalité du bio, voire se méfient du bio à cause d’un manque d’informations.

L’inflation a bon dos

La perte de marché est estimée pour 2022 à 600 millions d’euros, sur un marché qui ne pèse pas moins de 12 milliards. L’inflation est certes responsable du désamour pour les produits bio. Mais ce désamour est tout relatif, car quand le panier alimentaire moyen augmentait de 6,7 %, les produits bio n’augmentaient que de 4 %, leur redonnant un peu de compétitivité. Les agriculteurs qui utilisent des systèmes de production plus résilients ont moins souffert de l’augmentation des intrants, et cela se retrouve dans les prix de vente. Pour Laure Verdeau, « la question, c’est la part de produits bio. Il ne s’agit pas de répondre à la consommation régulière de quelques-uns, mais à un peu de consommation bio chez tout le monde ». Pour y parvenir, la souveraineté alimentaire est un atout : 83 % du bio consommé en France est produit en France, et le consommateur porte son attention sur l’origine des produits, 1er critère après le prix.

— Marc GUILBAUD (Tribune Verte 3024)

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