Le Génie écologique, un grand chantier porteur d’emplois
Dans le réseau des Maisons familiales rurales d’éducation et d’orientation, l’école d’Anse, dans le Rhône, a inauguré cette année une nouvelle formation assortie d’un Certificat de spécialisation travaux mécanisés de génie écologique. Avec un credo : le terrain d’abord.
Cela peut paraître contre-intuitif, mais pour restaurer la nature et la biodiversité, sous forme de remise en état de berges de rivières ou de zones érosives en milieu agricole, de stabilisation de fossés, de mise en place de passerelles pour la faune aquatique ou de création de lieux de compensation naturelle face à ceux affectés par des activités économiques, il faut parfois employer les grands moyens – et de gros engins. Dans des conditions particulières, de surcroît : il ne s’agit pas, en effet, d’abîmer la nature !
« Ce sont les professionnels de la filière qui nous ont approchés pour une formation spécialisée et pratique », rapporte Sébastien Venet, directeur de la Maison familiale rurale d’éducation et d’orientation (MFREO) d’Anse, dans le Rhône. De fait, selon une étude de l’Union professionnelle du génie écologique (UPGE), le secteur, qui compte déjà près de 35 000 emplois, est en croissance constante du fait de la commande publique et privée. Il pourrait ouvrir quelque 50 000 nouveaux postes d’ici 2030, soit 7 000 offres par an – de l’ouvrier au conducteur d’engins, du chef de projet naturaliste à l’ingénieur écologue. Or, pour les travaux mécanisés, la filière manque cruellement de candidats à l’embauche. D’où la nouvelle formation, assortie d’un certificat de spécialisation travaux mécanisés de génie écologique, reconnu diplôme national par le ministère de l’Agriculture, lancée cette année par la MFREO d’Anse à la suite des formations en génie végétal dispensées depuis dix ans.
Conditions d’entrée
Sur les quelque 235 apprenants (de la 4e au BTS, en alternance) de l’école, les 14 (tous des garçons, regrette Sébastien Venet) qui ont choisi de se spécialiser dans les travaux mécanisés devaient avoir au préalable un Bac pro gestion des milieux naturels et de la faune, forêt, aménagements paysagers ou agroéquipement ; un brevet professionnel responsable de chantiers forestiers, forêt ou aménagements paysagers ou un BTS gestion et protection de la nature, gestion forestière, aménagements paysagers, gestion et maîtrise de l’eau ou génie des équipements agricoles. Sans oublier le permis de conduire… « C’est important, car même si ce secteur est très porteur d’emplois, il ne faut pas hésiter à se déplacer pour trouver un poste », explique Sébastien Venet. Et les rares qui ne l’ont pas peuvent se faire aider dans le cadre de leur apprentissage pour le passer.
En effet, les jeunes admis dans cette nouvelle formation, après un entretien pour vérifier leur motivation et leur intérêt pour l’environnement et la biodiversité, auront également signé un contrat d’apprentissage, tandis que l’école, gratuite, les accompagne dans leurs démarches pour trouver l’entreprise accueillante.
Des chantiers écoles
Mais surtout, la MFR d’Anse réalise elle-même des travaux et s’engage à ce que les élèves aient l’occasion de travailler sur des chantiers écoles. « C’est un bon moyen de transmettre une philosophie d’intervention à de futurs professionnels qui sont aussi des citoyens en devenir », souligne Sébastien Venet. L’ensemble de la scolarité s’étale sur 12 semaines de 35 heures pendant un an, qui incluent trois jours sur le terrain par semaine. De quoi avoir sur le CV un début d’expérience professionnelle. Et « il est clair que les 14 jeunes trouveront un poste à l’issue de leur formation, puisqu’ils sauront conduire des engins sur les chantiers de génie écologique, connaîtront les règles de sécurité et maîtriseront les techniques d’aménagement et d’entretien des espaces naturels, de même qu’ils sauront préparer des équipements et diagnostiquer les espaces avant intervention », énumère-t-il.
Lys Zohin, Tribune Verte n° 3030
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