La parentalité, Un levier encore méconnu pour fidéliser les salariés

Publié le 12 août 2024
Temps de lecture estimé : 7 min

Pour renforcer leur attractivité, de plus en plus d’entreprises accompagnent leurs salariés sur la voie de la parentalité. Place en crèche, aménagement des horaires, management bienveillant… différentes mesures facilitent le quotidien de ces jeunes parents.

Jusqu’à un passé récent, l’enjeu de la parentalité en entreprise était occulté, voire tabou. Donner naissance à un enfant relevait d’un choix personnel et un employeur n’avait pas à changer son organisation du travail en conséquence ou à proposer des mesures à même de faciliter le quotidien des salariés jeunes parents. Les aspirations sociales en faveur d’un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle ont depuis changé la donne. « Les salariés ne recherchent plus uniquement un emploi, mais un environnement reconnaissant qui soutient leurs engagements familiaux », avance la société Les Parents Zens dans un livre blanc dédié au sujet.

Les tensions sur le marché de l’emploi conduisent aussi les entreprises à mieux prendre en compte cet enjeu afin d’attirer et de fidéliser les talents. Une entreprise renforce non seulement sa marque employeur, mais gagne aussi en productivité avec des salariés plus sereins et engagés. Elle réduit, par ailleurs, les coûts liés au turnover et à l’absentéisme. « La qualité de vie au travail ne se résume pas à la présence d’un babyfoot et à l’organisation régulière d’afterworks, mais bien à la capacité d’une entreprise à accompagner ses collaborateurs dans leurs différentes étapes de vie, dont celle de la parentalité », estime Sacha Tikhomiroff, directeur général des Petits Chaperons Rouges.

Dans ce domaine comme dans bien d’autres, la crise sanitaire a servi de révélateur. En généralisant le télétravail, la pandémie a donné davantage d’autonomie aux salariés dans la gestion de leur temps, avec le risque qu’il n’augmente les inégalités entre les hommes et les femmes, ces dernières devant plus souvent télétravailler en présence de leurs enfants faute de modes de garde

La place en crèche, un enjeu clé

Au-delà d’aménager les temps de travail et de bannir de l’agenda les réunions planifiées tôt le matin et tard le soir, une entreprise peut mettre en place un certain nombre de mesures pratiques en faveur de leurs jeunes parents. Avant même la naissance de leur progéniture se pose la question de la place en crèche. Alors que les crèches d’entreprise ont été longtemps l’apanage des groupes du CAC 40, des enseignes comme Babilou, Les Petits Chaperons Rouges ou Les Parents Zens démocratisent leur accès en s’appuyant sur des réseaux de crèches privées. L’employeur réserve des « berceaux » à ses salariés près du lieu de travail ou de leur domicile, ou encore sur le trajet domicile-travail.

La parentalité ne se limite toutefois pas aux premières années de l’enfant. L’employeur peut également offrir des services de garde d’enfants, de soutien et d’orientation scolaires et, du côté des parents, du coaching et de soutien psychologique pour faire baisser la charge mentale.

Pour construire sa politique de  parentalité, une entreprise peut s’inspirer des sociétés pionnières dans le domaine. Un nouveau collectif, baptisé « Be Family », s’est créé pour partager les bonnes pratiques et proposer aux organisations matures de s’engager sur la voie de la certification sur le modèle du concept Great Place to Work. Enfin, l’État entend donner un coup de pouce aux jeunes parents. Emmanuel Macron a récemment dévoilé les contours du congé de naissance appelé à se substituer au congé parental. « Plus court et mieux rémunéré », il serait de trois mois pour les mères comme pour les pères et indemnisé à 50 % du salaire jusqu’à un plafond de 1 900 euros. Il serait également ouvert à de nouvelles populations comme les agriculteurs, les indépendants ou les parents adoptants.

— Xavier BISEUL (Tribune Verte 3042)

Etude : Des attentes fortes de la part des jeunes parents

Selon une récente enquête menée par OpinionWay pour le compte de Parents Zens, les salariés attendent à la naissance de leur enfant que leur entreprise allonge et rémunère mieux le congé paternité (58 %), et réserve ou cofinance une place en crèche (52 %). Du côté des jeunes mamans, l’aménagement des horaires avec plus de télétravail (27 %) et la proposition de congés « enfant malade » (27 %) sont plébiscités. Si les attentes sont fortes, les efforts consentis par l’employeur sont perçus positivement. 79 % des salariés estiment qu’une entreprise qui est engagée sur le front de la parentalité est plus performante économiquement et 75 % que la présence de parents d’enfants en bas âge contribue à créer une image dynamique et vivante.

Avis d’expert : « La parentalité ne se limite pas aux parents de jeunes enfants »

Marine Desandre, cofondatrice des Parents Zens

Quel impact la crise Covid a-t-elle eu sur la prise en compte de l’enjeu de la parentalité ?
Marine Desandre : Il y a un avant et un après la crise sanitaire. Aujourd’hui, de moins en moins de DRH déclarent que la parentalité relève de la seule sphère personnelle. Les entreprises ont bien compris qu’un parent qui n’est pas serein ne peut pas travailler correctement. Pour autant, il y a encore beaucoup à faire. Tous les pères ne prennent pas le congé paternité en totalité, de peur d’être mal vu ou de se voir mis de côté. La parenthèse Covid a néanmoins servi de révélateur. Beaucoup de pères ont apprécié la relation renforcée avec leurs enfants et ne souhaitent pas retourner à la vie d’avant en rentrant de nouveau à 20 h tous les soirs. Si le télétravail permet de gagner en autonomie et de trouver un meilleur équilibre vie professionnelle – vie personnelle, il peut aussi créer un surcroît de charge mentale. Des parents télétravaillent en présence de leurs enfants fautes de moyens de garde.

Que peut mettre en place un employeur ?
M. D. : Proposer des places en crèche répond, bien sûr, à une attente forte, mais la parentalité ne se limite pas aux parents d’enfants de 0 à 3 ans. Les Parents Zens ont élargi leur palette de services à la garde d’enfants, à l’aide aux devoirs, aux activités d’éveil, au coaching et au soutien psychologique. Nous accompagnons aussi les salariés aidants. De son côté, une entreprise peut allonger la durée du congé paternité et l’abonder pour améliorer le niveau de rémunération. Des mesures simples et peu chères peuvent être mises en place, comme publier un guide sur les aides de l’État dans ce domaine. Un employeur doit, par ailleurs, sensibiliser le management de proximité sur les enjeux de parentalité. Un manager bienveillant raisonnera objectifs et non temps passé, ne stigmatisera pas un jeune père parti plus tôt ou lui donnera son après-midi le jour de l’anniversaire de son enfant. Le top management doit être également exemplaire et proscrire les réunions tôt le matin et tard le soir.

Quels sont les bénéfices d’une politique en faveur de la parentalité ?
M. D. : Elle renforce la marque employeur. Les mesures dédiées à la parentalité constituent un levier pour attirer et fidéliser les talents. Un employeur peut les mentionner sur une offre d’emploi. Avec des salariés épanouis et investis, les entreprises sont plus performantes économiquement. Devenir parent développe, par ailleurs, chez le collaborateur, de nouvelles compétences qui peuvent être mises à profit dans le cadre professionnel. Plus prosaïquement, une entreprise réduit les coûts liés au recrutement et à l’absentéisme. 30 % des arrêts de travail sont, en effet, dus à un défaut de garde d’enfant.

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