La démocratisation du coaching passe par le digital
Le coaching n’est plus seulement réservé à l’élite des cadres dirigeants. L’enchaînement récent des crises incite les entreprises à étendre le dispositif aux managers intermédiaires et aux collaborateurs clés. Le numérique participe à cette démocratisation.
Une pandémie mondiale, une crise énergétique, une guerre aux portes de l’Europe, une inflation galopante, le grand défi du réchauffement climatique… Les organisations sont soumises, ces dernières années, à un enchaînement sans précédent d’événements qui viennent, par vagues, tester leur résilience.
Comme à chaque situation de crise, le manager intermédiaire est en première ligne. Sa hiérarchie comme ses collaborateurs attendent beaucoup de lui. Il doit faire preuve d’une agilité et d’une capacité d’adaptation sans faille pour naviguer sous tous les temps et maintenir le cap défini par sa direction.
Vigilance sur la qualité de la prestation
Le chef d’équipe doit, par ailleurs, répondre aux interrogations des employés à la recherche d’un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle et en quête d’un sens à donner à leur travail. Un enjeu dans le contexte actuel de « grande démission ». Notre cadre intermédiaire accompagne également les profondes mutations du monde du travail. La transformation numérique et la généralisation du télétravail le contraignent à faire évoluer ses pratiques managériales pour maintenir l’engagement des salariés évoluant à distance. Ce qui demande de nouvelles compétences comportementales. Dans ce contexte de grands bouleversements, les entreprises ont une nouvelle corde à leur arc : le coaching. Cet accompagnement par un professionnel certifié s’est fortement démocratisé ces dernières années. À la différence d’un formateur traditionnel, un coach aide un individu à trouver lui-même les ressources pour atteindre ses objectifs à travers un parcours personnalisé.
À ses origines, le dispositif, cher et élitiste, était réservé aux cadres dirigeants. Dans les années 1990 à 2010, le coaching s’est étendu aux managers en difficulté. Il était en quelque sorte la dernière chance avant que ceux-ci ne prennent la porte.
Depuis les événements évoqués plus haut, le coaching surfe sur un courant porteur. La population éligible s’est élargie à l’ensemble des managers intermédiaires, des hauts potentiels, mais aussi aux acteurs clés du changement, ces collaborateurs essentiels qui font bouger une organisation lors des programmes de transformation. Comme souvent, le digital participe à cette démocratisation en permettant de toucher un plus grand nombre d’individus quel que soit leur lieu de travail. Des plateformes comme CoachHub, Bravely ou Growthspace mettent en relation les coachés et les coachs professionnelles lors de sessions de visioconférences. Elles mesurent aussi les progrès accomplis dans le parcours préalablement défini.
3 500 professionnels certifiés
Cette démocratisation ne doit pas s’accompagner d’une baisse de la qualité. Alors que, par opportunisme, un nombre croissant de professionnels s’auto déclarent coachs, il s’agit de séparer le bon grain de l’ivraie et de ne pas entrer dans une logique d’ubérisation de la profession. « Leader mondial du coaching digital », CoachHub, qui a notamment pour client Moët Hennessy, Danone, ou Pernod Ricard, déclare s’entourer des meilleurs coachs du marché. Son réseau mondial compte 3 500 professionnels certifiés par les fédérations de coaching ICF ou EMCC. Quid de l’intelligence artificielle ? Pourraitelle devenir demain notre coach attitré, connaissant mieux que quiconque les difficultés professionnelles rencontrées au quotidien ? Nous n’en sommes pas là. À l’image d’AimyTM, une coach virtuelle présentée en mars par CoachHub, l’IA répond, pour l’heure, à des questionnements simples. Pour Boris Allanic, vice-président France de CoachHub, « l’IA peut apporter des premiers niveaux de réponses ». En revanche, le coaching reste, à ses yeux, une discipline particulièrement complexe qui nécessite, par essence, un grand nombre d’interactions humaines. Nous voilà rassurés.
— Xavier BISEUL (Tribune Verte 3017)
Avis d’expert : « Demain, tout le monde aura accès à un coach »
Boris Allanic, vice-président France de CoachHub
En quoi la crise a servi d’accélérateur au coaching ?
Boris Allanic : Les interrogations liées à la pandémie et l’organisation du travail en mode hybride ont changé radicalement le rapport au management. Un manager qui avait l’habitude de réunir physiquement son équipe autour de lui s’est retrouvé démuni. Il a dû changer ses pratiques managériales, créer de nouveaux rituels pour communiquer de façon plus informelle et susciter l’engagement. Le manager doit gérer les questionnements de son équipe et ses propres interrogations. Ce changement de posture ne s’acquiert pas uniquement par la formation. À la différence d’un formateur qui livre un savoir, un coach aide le coaché à trouver lui-même les réponses à ses problèmes à travers un parcours personnalisé.
Quelles sont les thématiques abordées ?
B. A. : Prise de fonction, leadership, gestion de conflits… les sujets ne manquent pas. Ils sont liés au développement personnel et professionnel de l’individu. Beaucoup de problématiques tournent autour des enjeux de carrière et de mobilité. Comment réussir mes 90 premiers jours dans le cas d’une promotion ? Comment manager des managers ? Comment se préparer à une expatriation ? Des missions peuvent être déclenchées dans le cadre d’une fusion-acquisition pour surmonter le clash des cultures ou pour promouvoir la parité et la diversité en favorisant l’émergence de nouveaux talents. Nous recommandons fortement que le coaching se fasse sur la base du volontariat, sinon, le coaché va traîner des pieds et cela n’aura pas une grande efficacité.
Comment se déroule un programme de coaching digital ?
B. A. : Il débute par une autoévaluation qui porte sur 18 compétences clés. Le rapport définit les axes de développement en fonction des objectifs fixés. Le coaché sélectionne le coach sur la base des profils qui lui sont soumis. S’agissant d’une relation interpersonnelle, le feeling doit passer entre eux. Le coaché peut ensuite réserver des sessions en visioconférence, sur Doctolib par exemple. Des indicateurs de performances mesurent les progrès réalisés. CoachHub garantit la confidentialité des échanges et le rapport consolidé remis à la DRH est anonymisé. Un coaching dure en moyenne six mois, trois mois s’il s’agit de répondre à une situation d’urgence. De plus en plus d’entreprises proposent un programme illimité à leurs collaborateurs. Ils y ont recours en fonction de leurs objectifs de développement et des moments clés de leur carrière. Le coaching fait partie des avantages en nature. Je pense que demain tout le monde aura accès à un coach
Étude : Le coaching, un levier de rétention des talents
Selon une étude menée par CoachHub entre mai et juin 2022, 81 % des entreprises françaises proposent des séances de coaching à leurs employés, dont 40 % depuis la pandémie. Le bien-être au travail (28 %), l’accès des femmes à des postes à responsabilités (24 %) et le leadership inclusif (22 %) sont les principaux axes de développement travaillés. Dans un monde post-Covid, l’amélioration des conditions de travail et la fidélisation des collaborateurs apparaissent comme des enjeux clés. D’ailleurs, 43 % des entreprises souhaitent miser sur le coaching en 2023 pour favoriser la rétention des talents. 40 % d’entre elles indiquent vouloir tirer parti de dispositifs pour assurer le développement professionnel de leurs employés et 38 % pour améliorer leurs performances. Les entreprises interrogées comptaient accroître leurs efforts dans ce sens avec une augmentation du budget consacré au coaching en 2023.
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