Enseignement supérieur agricole : L’alternance a le vent en poupe dans les écoles d’ingénieurs agro !
Le parcours en alternance pour accéder au diplôme d’ingénieur agronome semble largement apprécié des étudiants. À tel point que le nombre de jeunes choisissant ce parcours augmente d’année en année, non sans le coup de pouce de la réforme nationale de 2019. Une « méthode pédagogique qui répond à une demande des candidats souhaitant donner davantage de signification à leur cursus », d’après Bordeaux Science Agro.
Cette année, 294 places sont réservées à la formation en apprentissage dans les écoles d’ingénieurs de l’enseignement public agricole. Le nombre d’apprentis accédant à la formation par concours reste quasi stable d’une année à l’autre. Le concours commun agro-veto par la voie d’apprentissage est ouvert aux étudiants ou apprentis, inscrits en dernière année de préparation d’un diplôme professionnel de niveau Bac + 2 et 3, et aux personnes titulaires d’un diplôme professionnel de niveau Bac + 2 et 3.
L’épreuve d’admissibilité intègre une sélection sur dossier (basée sur le parcours académique, le profil du candidat et le projet professionnel). S’ensuivent une épreuve écrite d’anglais (2 h) et une épreuve écrite d’analyse et de synthèse de documents techniques et scientifiques (2 h 30). Enfin, les épreuves d’admission se déroulent sous forme d’oraux (30 minutes environ), qui sont des échanges avec un jury pour évoquer les motivations et projets du candidat.
Une fois les candidats sélectionnés, l’école les accompagne dans leur recherche d’entreprise. Parfois,
l’apprenti a déjà trouvé son futur employeur. Le contrat d’apprentissage est alors signé pour une durée de trois ans.
« 1 ingénieur agronome sur 2 aura fait une alternance »
Les établissements agricoles privés aussi développent le parcours en apprentissage, accessible en dehors du concours agro-veto, avec une nette progression depuis la réforme du Gouvernement en 2019. À titre d’exemple, entre 2021 et 2024, le pourcentage d’apprentis dans les promotions de l’ESA Angers est passé de 30 à 38 %. « L’ESA diplôme chaque année en moyenne 200 ingénieurs, et les alternants (apprentissage et contrat de professionnalisation) représentent aujourd’hui 44 % des diplômés. Dans deux ans, au moins un ingénieur agronome de l’ESA sur deux aura fait une partie de sa formation avec un contrat d’alternance », indiquent les responsables de formation de l’ESA Angers.
L’école d’ingénieurs de Purpan, qui connaît aussi une augmentation d’apprentis depuis l’ouverture du parcours en 2022, explique ce développement par « une vraie demande des étudiants, des familles et des entreprises ». Même son de cloche du côté de Bordeaux Sciences Agro (BSA) : « Cette méthode pédagogique répond à une demande des candidats qui souhaitent donner davantage de signification à leur cursus et comprendre les divers aspects du métier d’ingénieur agronome. »
En parallèle du parcours apprentissage, les écoles développent le contrat de professionnalisation pour les étudiants en dernière année du cycle ingénieur. Par exemple, entre 2021 et 2024, l’institut polytechnique UniLaSalle a vu la part des étudiants en contrat de professionnalisation passer de 5 à 22 %. Ce contrat d’alternance qui se déroule sur douze mois environ permet aux étudiants n’ayant pas choisi l’apprentissage d’accéder à une expérience en entreprise plus longue que le stage de fin d’études.
— Amélie DI BELLA (Tribune Verte 3038)
L’ENSAT reçoit plus d’offres d’alternance que d’emploi
« L’Ensat a ouvert la formation par apprentissage dès 2009 », explique Julie Maget, responsable communication et relations partenariales à l’École nationale supérieure agronomique de Toulouse (Ensat). Aujourd’hui, une trentaine d’étudiants accède à la formation ingénieur par voie d’apprentissage de l’Ensat en passant le concours agro-véto. Et le nombre de places offertes va grimper à quarante pour la rentrée 2024-2025. D’autre part, l’AgroToulouse (deuxième nom de l’Ensat) développe le contrat de professionnalisation en dernière année du cycle ingénieur, qui compte également une trentaine d’étudiants par promotion. « L’AgroToulouse a toujours souhaité développer une formation en alternance et continuera de le proposer », appuie Julie Maget. « Il y a de la demande côté recruteurs et côté étudiants, rajoute Julie Caminade, chargée de relations partenariales à l’Ensat. Pendant la campagne de recrutement en alternance, nous recevons plus d’offres d’alternance que d’offres d’emploi ! C’est en partie pour cela que nous avons augmenté le nombre de places offertes au concours à la formation par apprentissage. » Au-delà de l’engouement croissant des candidats et des structures qui recrutent pour le parcours en alternance, les chiffres de l’entrée dans la vie active des jeunes diplômés parlent d’eux-mêmes. « Concernant le taux d’insertion professionnelle, les chiffres sont supérieurs lorsque nos élèves ont un parcours en alternance, illustre Julie Maget. Moins d’un mois après l’obtention du diplôme, 60 % des ingénieurs du parcours classique sont en poste, tandis qu’ils sont 66 % à la suite d’un contrat d’apprentissage et 83 % après un contrat pro ! » D’autre part, le niveau de salaire à la sortie de l’école serait lui aussi plus intéressant pour les alternants. D’après les données de l’Ensat, les diplômés du cycle ingénieur classique auraient un salaire annuel de 32 200 € en sortie d’école, contre 33 300 € pour les diplômés du parcours en alternance (contrats apprentissage et professionnalisation confondus).
Zoom : Le succès du DNO par alternance ne se dément pas
Le diplôme national d’oenologue, plus connu sous le nom de DNO, a pour but de former les futurs oenologues. Ce sont des responsables de la vinification capables d’analyser une situation, de poser un diagnostic et de prendre des décisions pertinentes dans le cadre de la fabrication du vin. Durant les deux ans de formation, accessible au minium avec un niveau licence scientifique, ils vont approfondir leurs connaissances en oenologie, en viticulture et en analyse sensorielle. Ils pourront ensuite mettre à profit leurs compétences dans des domaines, des caves coopératives, des laboratoires d’analyses ou encore dans des structures de conseil, des interprofessions ou des instituts de recherche.
Depuis la rentrée 2021, l’Institut universitaire de la vigne et du vin de Dijon propose de suivre cette formation en alternance. « Depuis 2013, nos étudiants avaient déjà la possibilité d’opter pour l’alternance en deuxième année, explique Chloé Roullier-Gall, responsable pédagogique du DNO première année. Comme ils doivent réaliser un stage de six mois, cela se prêtait bien à ce mode d’apprentissage. En 2021, nous avons profité de la réforme du diplôme pour ouvrir l’alternance dès la première année. Et c’est un véritable succès, puisqu’actuellement, 23 étudiants de première année sur les 35 que nous accueillons ont opté pour l’apprentissage. »
Mais Chloé Roullier-Gall insiste sur le fait que l’apprentissage implique un travail très soutenu. « En première année, ils débutent par une longue période en entreprise de la rentrée jusqu’à mi-octobre. Puis ils alternent entre une période de quatre semaines à l’école puis de deux à quatre semaines en entreprise jusqu’aux examens de juin, avant de retourner en entreprise jusqu’à mi-décembre. Par la suite, le rythme reprend par sessions de deux semaines à l’école et en entreprise. Les alternants doivent donc suivre les mêmes cours que les étudiants en formation initiale mais sur un temps beaucoup plus condensé. » L’établissement est également vigilant sur le choix de l’entreprise d’accueil, qui joue un rôle important dans la formation des apprenants. « Il n’est pas forcément obligatoire d’avoir déjà trouvé son maître d’apprentissage quand on postule au DNO, mais c’est un plus qui prouve la motivation de l’étudiant, précise la responsable pédagogique. Nous leur laissons cependant jusqu’à décembre pour signer leur contrat d’apprentissage sachant que nous pouvons également les aider, puisque de nombreuses entreprises nous sollicitent en direct pour trouver leurs futurs apprentis. »
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