Cellule Réagir : les Chambres d’agriculture mobilisées face au mal-être agricole
Face à la montée du mal-être agricole, les Chambres d’agriculture renforcent leur engagement en mettant en place les cellules Réagir. Grâce à un réseau d’acteurs locaux et à des outils d’autodiagnostic, ces cellules offrent un soutien adapté, allant du conseil financier à l’orientation vers des structures spécialisées. Pascal Invernon de la chambre d’agriculture du Vaucluse nous détaille cette initiative essentielle pour briser le tabou et prévenir les situations les plus critiques.
Acteurs incontournables du monde agricole, les Chambres d’agriculture ont toujours été présentes pour accompagner les agriculteurs en difficulté. Mais depuis quelques années, les problèmes, jusque-là essentiellement économiques, vont parfois de pair avec un mal-être plus profond.
« Au cours de la dernière décennie, la profession a dû faire face à de nombreuses crises propres à ses filières comme la crise laitière de 2017, ou actuellement la crise viticole, sans oublier les aléas climatiques et d’autres événements extérieurs qui ont eu de réels impacts sur les exploitations comme le Covid ou la guerre en Ukraine et les poussées inflationnistes, détaille Pascal Invernon, conseiller d’entreprise « Prévention difficultés financières » de la chambre d’agriculture du Vaucluse. Or, la résilience a parfois ses limites, et on entend de plus en plus d’agriculteurs qui expliquent en avoir « plein le dos ». »
Une cellule pour formaliser l’accompagnement
C’est pour accompagner au mieux ce public fragilisé que certaines Chambres d’agriculture, dont celle du Vaucluse, ont choisi de déployer les cellules Réagir.
« Nous accompagnions déjà les agriculteurs en difficulté mais c’était très confidentiel et peu sujet à communication car sensible : la cellule Réagir rend les choses plus visibles et c’est tant mieux, complète Pascal Invernon. Elle résulte aussi d’une prise de conscience de la société, marquée par les vagues de suicides, notamment dans le Grand Ouest, au moment de la crise laitière. Les pouvoirs publics se sont également emparés de cette thématique, notamment avec la mission parlementaire du député Olivier Damaisin en 2020. Tout cela a contribué à rendre le sujet du mal-être des agriculteurs moins tabou et peut-être à libérer la parole. »
Les agriculteurs vauclusiens peuvent directement prendre contact avec la cellule Réagir ou répondre à un autodiagnostic en ligne. Cet outil leur permet, de manière discrète et anonyme, d’évaluer le degré de difficulté économique qu’ils rencontrent. Ils peuvent également y trouver des informations juridiques et pratiques essentielles concernant leurs droits et les procédures applicables à leur situation mais aussi entrer en contact avec un conseiller spécialisé.
Une prise en charge adaptée à chaque situation
Selon le type de difficulté rencontré, les agriculteurs peuvent bénéficier de conseils économiques, notamment pour les aider à se restructurer et mobiliser de l’actif. Mais lorsque les difficultés relèvent du mal-être, ils sont habituellement orientés vers des la MSA, qui peut, si nécessaire, les rediriger vers des psychologues spécialisés.
Pascal Invernon a également l’un des premiers conseillers de la chambre à rejoindre le réseau de sentinelles formés par la MSA : « Si je comprends que j’ai affaire à un agriculteur dont les pensées suicidaires laissent présager un passage à l’acte imminent, je n’hésite pas à faire un signalement auprès de la MSA. »
Le conseiller en entreprise insiste sur l’importance du réseau territorial pour coordonner les actions. « Dans le Vaucluse, il existe des comités pour la prévention du mal-être en agriculture. Deux fois par an, un comité plénier réunit le préfet, les banques, la chambre d’agriculture et la MSA pour mettre en commun nos expériences. Environ 4 ou 5 fois par an sont aussi organisés des comités techniques plus restreints pour aborder des dossiers spécifiques. Par ailleurs, dans le Vaucluse, l’idée de réactiver les anciennes commissions Agriculteurs en Difficulté est à l’étude. Ces commissions, supprimées avec la fin des aides d’État et départementales, pourraient permettre une meilleure coordination d’éventuels financements et des dispositifs d’accompagnement. »
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