Cap n rice : Réfléchir l’agriculture à l’échelle d’un territoire

Publié le 26 septembre 2024
Temps de lecture estimé : 4 min

En plein coeur de la Camargue, Cap N Rice, distributeur en agrofournitures, cultive 450 ha de terres, qui sont mises à profit pour tester des solutions agricoles. Christophe Mandrolini, son directeur, présente le savoir-faire unique de la riziculture camarguaise, une contrainte et une force pour les agriculteurs locaux.

«Amener de la compétence au coeur du territoire agricole permettra d’adapter l’agriculture locale aux exigences de demain, Christophe Mandrolini, fondateur et dirigeant de Cap N Rice, en est convaincu. La fertilité des sols, les assolements, l’usage des biosolutions, etc., devraient être réfléchis à l’échelle d’un territoire plutôt que d’un pays. » Créé en 2017, Cap N Rice cultive 450 ha de terres en pleine Camargue et distribue des semences, engrais, biosolutions et outils d’aide à la décision aux agriculteurs locaux. Également administrateur à Arvalis et membre du bureau du Centre français du riz, Christophe Mandrolini souhaite développer des « solutions multifactorielles » auprès de ses clients agricoles.

« La Camargue est un territoire à la fois très vulnérable aux phénomènes climatiques, qui y sont exacerbés (cévenol, sécheresse, montée de la mer…), et un hot spot de la réglementation environnementale, avec son parc naturel régional, soulève le directeur de Cap N Rice. Notre entreprise a donc pour objectif d’amener des solutions aux problématiques locales tout en maintenant une productivité agricole. » L’exploitation agricole de Cap N Rice sert d’ailleurs de support à l’activité de distribution, avec des essais sur le terrain, notamment de nouvelles variétés de riz, culture phare de la région. « Cette année, nous avons identifié vingt nouvelles variétés de riz et nous allons observer comment elles se comportent sur notre territoire », indique Christophe Mandrolini. De plus, Cap N Rice réalise un essai sur un insecte auxiliaire pour lutter contre les insectes du riz. « Nous avons différentes solutions mises en place sur notre exploitation. L’idée est de faire profiter nos clients de notre expérience », appuie Christophe Mandrolini.

Le riz : une force pour diversifier les cultures

la région, le riz « permet de diluer et de lessiver le sel des sols en inondant les parcelles avec l’eau douce du Rhône », explique Christophe Mandrolini. En effet, au cours du temps, la Camargue a gagné du territoire sur la mer par la sédimentation du Rhône, emprisonnant ainsi des nappes phréatiques d’eau salée sous les sols. La culture du riz permet aux agriculteurs de dessaler leurs sols et de retrouver des structures compatibles avec des cultures dites « sèches », telles que les céréales ou les cultures maraîchères. Une contrainte écologique, la fréquence du riz dans la rotation pour diminuer la teneur en sel des sols se trouve aussi être une force pour diversifier les cultures et optimiser les pratiques agronomiques.

Le schéma de rotation camarguais se construit autour de deux ou trois ans de riz, suivis de trois à quatre ans de cultures sèches. « Les cultures sèches peuvent rester plus ou moins longtemps dans la rotation en fonction des sols. Certains ont tendance à se saliniser plus rapidement », précise le directeur de Cap N Rice.

Pas de formation à la riziculture

Afin de cultiver du riz les pieds dans l’eau, puis une culture sèche, les Camarguais ont construit un système pour faire coexister ces pratiques. Ainsi, deux réseaux maillent le territoire : un système d’assainissement composé de fossés, canaux et pompes pour évacuer l’eau, et un système d’irrigation qui amène l’eau douce du Rhône aux rizières. Avant d’être inondées pour le semis au 1er mai, les parcelles sont travaillées en hiver afin de les reniveler. Le riz se développe ensuite sous l’eau jusqu’à fin août, avant d’être récolté en septembre par des moissonneuses-batteuses équipées de chenilles. La culture du riz demande un certain savoir-faire pour lequel « il n’existe pas de formation », indique Christophe Mandrolini. Lors d’un diagnostic RH mené par l’Apecita, Christophe Mandrolini a recruté une technicienne pour le suivi des cultures et l’accompagnement des clients. « Nous recherchons surtout des personnes passionnées par l’agriculture et l’agronomie, avec l’envie de vendre ! » appuie le directeur de Cap N Rice.

— Amélie DI BELLA

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