Bilan de compétences : « Se faire accompagner pour changer de métier »

Freddy Faucheux travaillait seul sur une exploitation porcine depuis 2006 jusqu’à ce qu’il perde peu à peu goût à son travail. En 2023, il décide de faire un bilan de compétences avec l’Apecita pour être conseillé et accompagné dans sa reconversion professionnelle.

Quel a été votre parcours professionnel ?

Freddy Faucheux : De formation agricole, j’ai passé un Bac technologique en productions animales (PA) puis un BTSA en PA, près de Rennes. Fils d’éleveurs porcins, je ne me destinais pas à devenir agriculteur, mais j’ai quand même poursuivi une formation dans ce sens. Après six années en tant que technicien d’élevage au sein de différentes exploitations porcines, j’ai eu pour projet, en 2006, de reprendre l’exploitation familiale et d’agrandir le cheptel à 170 truies avec un salarié supplémentaire. Finalement, mon projet d’installation n’a pas abouti, et tant mieux. Je gère seul depuis 2006 une exploitation porcine, dont je ne suis pas le propriétaire, mais j’ai investi sur des terres agricoles.

Pourquoi avoir décidé de réaliser un bilan de compétences ?

F. F. : Je n’avais pas de perspectives d’évolution puisque je n’étais pas le propriétaire, j’étais seul au quotidien à gérer l’exploitation et j’ai perdu ma motivation au fil du temps. Je me suis donc demandé s’il ne fallait pas changer de métier. La chambre d’agriculture proposait une formation « Continuer ou se reconvertir ? » sur quelques jours, à laquelle j’ai assisté en hiver 2022-2023. Cela m’a aidé à me poser les bonnes questions. C’est à l’occasion de cette formation que j’ai découvert qu’il était possible de réaliser un bilan de compétences, pris en charge par Vivea pour les agriculteurs. J’ai alors pris contact avec Nathalie Riou, conseillère RH à l’Apecita Bretagne, en mars 2023. Je ne comptais pas réaliser un bilan de compétences tout de suite mais Nathalie Riou m’a indiqué qu’il était possible de l’étaler sur plusieurs mois. Ainsi, elle m’a accompagné d’avril à juillet 2023 et nous avons réalisé une dizaine d’entretiens.

Que vous a apporté le bilan de compétences ?

F. F. : C’est un outil d’aide à la réflexion : il ne fait pas des miracles mais il aide à avancer ! Le bilan de compétences permet de faire une analyse de ses qualités et ses défauts. Mon côté très social est bien ressorti du bilan et il était évident que je ne suis pas fait pour travailler seul ! Il y a également plein d’outils différents, dont un qui propose des métiers pour voir ceux dans lesquels la personne pourrait se projeter. J’attendais surtout de ce bilan de compétences que la conseillère me conforte dans mon projet de reconversion et Nathalie Riou m’a fait comprendre que j’avais tout intérêt à le faire. Être agriculteur et vouloir arrêter est plus compliqué que dans n’importe quelle autre reconversion professionnelle, parce que la perception sociale est très différente. D’autre part, il est plus difficile de se reconvertir, puisque le métier d’agriculteur est très lié à la vie privée : changer de métier est aussi un changement de vie. À la fin du bilan de compétences, j’ai décidé d’arrêter l’activité d’élevage porcin pour me consacrer à la gestion des 80 ha de cultures, ce qui équivaut à un mi-temps. Ainsi, depuis février 2024, je travaille à mi-temps sur la partie culture. L’objectif étant d’arrêter complètement mon activité agricole en 2028. En complément, j’ai trouvé un contrat de salarié à mi-temps. Passionné par le milieu agricole, je cherchais un poste dans le secteur, et mes connaissances sont un plus pour me vendre. En mars, j’ai donc postulé à une offre d’auditeur pour Certisud, un métier sur lequel Nathalie Riou m’avait déjà briefé. J’ai rapidement été recruté en CDI et j’exerce en tant qu’auditeur depuis avril dernier.

Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à quelqu’un qui souhaiterait changer de voie ?

F. F. : Le bilan de compétences peut être indispensable pour un agriculteur qui se pose des questions, cela ne peut que l’aider. Dans tous les cas, je dirai qu’il faut se faire accompagner pour changer de métier. Le bilan de compétences reste assez peu connu dans le monde agricole, ce que je trouve dommage, car je suis loin d’être le seul à vouloir changer de métier. En audit, j’ai d’ailleurs incité deux agriculteurs à réaliser un bilan de compétences !

— Propos recueillis par Amélie DI BELLA (Tribune Verte 3050)