Aquaponie : Les Nouvelles Fermes à l’assaut de la région parisienne

Les Nouvelles Fermes, entreprise créée en 2019, gère deux fermes aquaponiques dans la métropole bordelaise. La plus grande, d’une surface de 5 000 m2, a produit 60 tonnes de légumes et d’aromates, et 12 tonnes de truites arc-en-ciel entre 2022 et 2023. Les cofondateurs souhaitent ouvrir une troisième ferme en région parisienne.

Les Nouvelles Fermes espèrent récolter 1,5 million d’euros d’ici 2025 afin d’ouvrir une troisième ferme aquaponique. Plus seulement en Gironde, mais en Île-de-France. Et sur une surface de six hectares. La première ferme ouverte à Lormont en 2019 fait 1 000 m2 et la seconde, installée à Mérignac en 2022, occupe 5 000 m2.

Technique très ancienne, l’aquaponie allie aquaculture et hydroponie. Tomates, salades et aromates sont cultivés hors-sol, dans des bacs flottant sur une eau chargée de nutriments. Ceux-ci proviennent des déjections de poissons, environ 4 000 truites arc-enciel dans le cas de la ferme de Mérignac. L’eau des truites est filtrée avant d’être envoyée dans les bacs où poussent les légumes et les aromates. « L’aquaponie est révolutionnaire dans le sens où elle apporte une révolution dans la gestion des sols, de l’énergie, de l’eau et des intrants, assure Thomas Boisserie l’un des cofondateurs. Au niveau environnemental, nous sommes en circuit fermé, l’eau est filtrée mécaniquement et par des bactéries, ce qui fait que nous consommons dix fois moins d’eau que l’agriculture traditionnelle. »

Chiffres à l’appui, Thomas Boisserie énumère les atouts de cette technique de culture : « C’est quatre à cinq fois moins d’énergie utilisée, 90 % des besoins des plantes sont couverts grâce aux nitrates provenant des déjections des truites, et l’emprise au sol est réduite puisque nous n’occupons que 5 000 m2 contre trois hectares pour une exploitation avec des rendements similaires. »

Vente dans un rayon de 20 km

Du côté des rendements, 60 tonnes de légumes et d’aromates ainsi que 12 tonnes de truites ont été produites la première année d’exploitation de cette ferme baptisée Odette.

« Aujourd’hui nous arrivons à un rythme de croisière, notre marge de progression concerne plutôt la qualité, car nous constatons 30 % de perte sur les légumes, expliquait Thomas Boisserie en juin 2023, lors de l’inauguration. Notre première ferme ouverte en 2019 nous a permis d’acquérir un savoir-faire en matière de technique, de variétés et d’outils. »

Ce premier site « expérimental » a également aidé l’équipe à trouver son business model et à dimensionner la ferme de Mérignac.

Installées en ville à proximité des consommateurs, Les Nouvelles Fermes vendent leurs produits dans un rayon de 20 km alentour. 60 % à la GMS, 30 % aux restaurateurs et 10 % directement aux particuliers.
« Convaincre la GMS a été moins compliqué que ce qu’on pensait. Nous avons trouvé des acteurs bienveillants dont le mot d’ordre est aujourd’hui de répondre à la demande de local des consommateurs », souligne Cécile Nève, responsable commerciale.

En plus des légumes, des aromates et de la truite fumée, l’entreprise a diversifié son offre avec des produits d’épicerie comme des rillettes de truite, du pesto de basilic ou du velouté de cresson.

Développements ailleurs en France

L’équipe composée d’une trentaine de salariés – neuf « fermiers urbains » et une vingtaine de personnes sur la R&D et la commercialisation – ne cache pas ses ambitions. « J’espère que cette  inauguration est la première d’une longue liste », confiait Thomas Boisserie il y a un an. D’ici 2028, l’entrepreneur aimerait ouvrir des fermes dans « les cinq plus grandes métropole françaises ». Celles-ci étant, en nombre d’habitants, Paris, Lyon, Marseille/Aix-en-Provence, Lille et Toulouse. L’objectif sera alors de produire sur l’ensemble des fermes 1 800 tonnes de légumes et d’aromates, et 360 tonnes de truites par an, pour un chiffre d’affaires global de 40 millions d’euros.

— Fanny LAISON (Tribune Verte 3041)