Agritech / Foodtech : les levées de fonds se recentrent sur les start-ups matures 

Publié le 7 avril 2025
Temps de lecture estimé : 5 min

Pour la troisième année consécutive, KPMG et La Ferme Digitale ont présenté un état des lieux des levées de fonds réalisées par les start-ups de l’Agritech et de la Foodtech en France en 2024. L’année a été marquée par une contraction globale des investissements dans l’Agritech et la Foodtech, mais également par un recentrage stratégique sur des entreprises plus matures et des opérations de financement plus mesurées 

Après un recul marqué de 2023, l’année 2024 confirme la tendance à la baisse des investissements dans la French Tech, avec une chute de 17% des fonds levés, atteignant près de 7 milliards d’euros. Cette contraction est le reflet d’un ralentissement plus large du marché du capital-risque, marqué par la prudence des investisseurs face à des perspectives économiques incertaines. 

Cependant, des secteurs se démarquent par leur résilience. L’industrie des applications et des logiciels domine largement, attirant 2,1 milliards d’euros, soit une hausse de 57% par rapport à l’année précédente, en grande partie due au dynamisme de l’intelligence artificielle (IA), notamment l’IA générative. A contrario, les « Sustainability Tech » – dont l’Agritech et la Foodtech font partie – ont enregistré une baisse importante de 56%, comme le souligne le 3e panorama des levées de fonds réalisé par KPMG et La Ferme Digitale. 

Moins de levées de fonds dans l’Agritech et la Foodtech 

L’année 2024 marque une réduction significative des levées de fonds dans l’Agritech et la Foodtech. Les montants levés ont chuté de 36%, avec un total de 315 millions d’euros, contre 494 millions en 2023. Ce déclin s’accompagne d’une diminution de 33% des volumes de transactions, avec seulement 38 levées de fonds enregistrées. 

L’absence de levées supérieures à 50 millions d’euros est l’un des éléments marquants de cette contraction. En effet, alors que 2022 et 2023 avaient été marquées par des levées exceptionnelles, notamment dans les secteurs des biosolutions et des protéines alternatives, 2024 voit un resserrement des financements, avec des tours de financement plus modérés. En 2024, les levées inférieures à 5 millions d’euros ne représentent que 16% de la valeur totale investie, marquant un recul de 41% en volume et de 43% en valeur par rapport à 2023. 

Dans cette période de prudence accrue, les levées comprises entre 5 et 10 millions d’euros connaissent une hausse de 25% en valeur, avec une forte concentration des financements dans des entreprises déjà bien établies. Ainsi, les start-ups ayant levé des fonds à ce niveau sont en grande majorité au deuxième ou troisième tour de financement, confirmant un repositionnement des investisseurs vers des entreprises matures, offrant des solutions plus robustes et scalables. 

Les levées de fonds comprises entre 10 et 50 millions d’euros connaissent également une progression de 40%, représentant 70% du total des fonds levés dans les secteurs Agritech et Foodtech en 2024. Ce segment devient ainsi le moteur de la dynamique de financement dans le secteur, avec des start-ups qui ont su démontrer la viabilité de leurs business models et leur capacité à se déployer à grande échelle. 

Un secteur de plus en plus mature 

En matière de maturité des start-ups, un contraste significatif se dessine. L’âge moyen des start-ups ayant levé des fonds est passé de 4 à 5,4 ans entre 2023 et 2024, ce qui reflète une tendance à privilégier des entreprises plus avancées, qui ont fait leurs preuves et offrent une meilleure visibilité aux investisseurs. 

Les start-ups de moins de cinq ans, notamment celles de moins de deux ans, connaissent une chute notable des investissements, avec une réduction de 70% des montants investis dans les entreprises les plus jeunes. En revanche, les start-ups de 6 à 10 ans, ayant déjà prouvé leur potentiel, voient une dynamique inverse. Le nombre de levées de fonds dans cette tranche d’âge a progressé de 70%, avec un impressionnant bond de 254% des montants levés, atteignant 204 millions d’euros en 2024. Ces entreprises représentent désormais 65% du total des fonds levés dans l’Agritech et la Foodtech. 

L’écosystème Agritech et Foodtech bien ancré en Île-de-France 

L’Île-de-France continue de dominer en termes de levées de fonds, concentrant 42% des investissements nationaux, avec 131 millions d’euros pour 13 levées. Cependant, d’autres régions comme la Nouvelle-Aquitaine et l’Occitanie se distinguent également, avec des écosystèmes particulièrement dynamiques dans l’innovation agricole. Ces territoires, historiquement ancrés dans l’agriculture, se montrent particulièrement actifs grâce à des acteurs tels que le pôle de compétitivité Agri Sud-Ouest Innovation et des organismes comme l’INRAE. 

En 2024, la Nouvelle-Aquitaine a enregistré 7 levées pour un montant de 59 millions d’euros, et l’Occitanie 2 levées pour 41 millions d’euros. Ces régions abritent des start-ups particulièrement bien positionnées dans les domaines des biosolutions et des biotechnologies, des secteurs de plus en plus plébiscités par les investisseurs. 

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