« Les métiers de l’agriculture sont en phase avec les préoccupations de la jeune génération »

Publié le 24 février 2023
Temps de lecture estimé : 4 min

L’APECITA, l’association pour les cadres, ingénieurs et techniciens de l’agriculture, l’agroalimentaire et l’environnement, a pour mission de favoriser la rencontre des employeurs et des candidats en agriculture. a directrice, Mylène Gabaret analyse pour nous le marché de l’emploi agricole.

L’emploi en agriculture ne se résume aux chefs d’exploitation. Le secteur offre une palette d’emplois bien plus large. Pouvez-vous nous en dire plus ?


Mylène Gabaret : On estime en effet à 700 000 le nombre d’emplois dans le secteur agricole, répartis sur plus d’une centaine de métiers : ceux en lien direct avec la production mais aussi ceux de la vente, du conseil, des services, de la recherche et développement, de la banque-assurance… Cette diversité se retrouve aussi bien dans les différentes filières que dans les structures qui emploient : de l’exploitation agricole aux grands groupes internationaux en passant par les PME, les coopératives, les chambres d’agriculture… Contrairement à ce qu’on pourrait penser, ces métiers nécessitent des formations très spécifiques et nous avons la chance, en France, de pouvoir nous appuyer sur l’enseignement agricole, deuxième système éducatif après l’Éducation nationale, qui forme chaque année 235 000 élèves, étudiants et apprentis, de la 4e jusqu’au doctorat.

Comment se porte le marché de l’emploi dans ce secteur ?


M. G. : Il est très dynamique, en tout cas, en ce qui concerne notre champ de compétences, à savoir, les techniciens, cadres et ingénieurs. Dans la production agricole, on observe notamment une augmentation du nombre de postes en lien  avec l’encadrement, qui va de pair avec l’agrandissement des exploitations. Elles disposent d’équipes de production toujours plus importantes, qui nécessitent des « relais » supplémentaires entre le chef d’exploitation et les ouvriers agricoles.

De plus, face aux nombreuses contraintes, qu’elles soient réglementaires, environnementales ou climatiques, nous devons repenser nos modèles agricoles, voire développer d’autres cultures et filières. Ces changements nécessitent de nouvelles expertises et compétences, ce qui se traduit directement par de la création d’emplois.

Pour autant, malgré un marché de l’emploi très actif, certains métiers peinent à recruter, tels que ceux du commerce, de l’agroéquipement, du paysage, les postes de chefs de culture surtout dans les filières très spécialisées.

Comment expliquer ces tensions sur certains métiers et surtout comment y remédier ?


M. G. : La principale cause reste la méconnaissance des métiers de l’agriculture. C’est pourquoi il est essentiel de communiquer, de manière unie entre tous les acteurs de la filière. Si on veut attirer de nouveaux talents, il faut créer un imaginaire global autour de l’agriculture afin qu’ils puissent s’y projeter. C’est la raison pour laquelle nous sommes présents chaque année au Salon international de l’agriculture sur l’espace Agri’Recrute.

Il est aussi indispensable que l’Éducation nationale ouvre ses portes à l’agriculture. Il faut qu’ils entendent parler de l’agriculture dès le collège et de ce fait, enrayer les clichés portés sur nos métiers. D’autant que ceux-ci sont plus que jamais en phase avec les préoccupations de la jeune génération : l’alimentation, l’environnement, la biodiversité, la lutte contre le changement climatique… S’ils cherchent un métier qui a du sens, qu’ils veulent agir en première ligne sur les sujets de société qui les préoccupent tout en oeuvrant pour un but essentiel, celui de nourrir les gens, alors le secteur agricole est sûrement fait pour eux.

Il faut enfin encourager les entreprises à ouvrir leurs portes aux jeunes et aux moins jeunes, pour faire connaître leurs métiers. Qui de mieux placés qu’eux pour expliquer la réalité du monde agricole et briser un certain nombre d’idées reçues ? J’entends encore souvent des personnes qui pensent qu’en agriculture, un salarié ne compte pas ses heures, travaille sans prendre de week-end ni même de vacances. Or, le droit du travail s’applique dans nos secteurs comme partout ailleurs.

— Propos recueillis par Aude BRESSOLIER (Tribune verte 3009)

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