L’essentiel à savoir pour bien préparer son apprentissage
Une spécialiste donne des conseils, mais aussi des points de vigilance aux futurs apprentis : ce parcours ne convient pas à tout le monde. Lucrecia Blanchut est chargée de recrutement au CFAACFPPA de l’Hérault à Montpellier. Elle explique les points clés à connaître aux élèves qui souhaitent se lancer dans une formation en apprentissage.
Comment un contrat d’apprentissage s’établit-il ?
Lucrecia Blanchut : Avant même de se pencher sur le côté contractuel, l’élève doit bien comprendre ce qu’est le parcours en apprentissage et ce qu’il implique. Celui qui souhaite réaliser cette formation doit être organisé, investi et conscient des contraintes liées au contrat. Il ou elle doit aussi veiller à prendre une décision en accord avec son projet professionnel. De plus, le choix de l’entreprise d’accueil est fondamental, car toutes les structures ne sont pas en mesure de former correctement un apprenti. Le contrat en lui-même n’est pas complexe à établir : il s’agit d’une formalité administrative. Les documents sont fournis par le centre de formation agricole par l’apprentissage (CFAA) et un accompagnement est déployé pour l’entreprise et l’apprenti sur les aspects administratifs et contractuels.
Quels sont les points importants à vérifier avant de signer le contrat ?
L. B. : Il faut bien regarder les conditions de travail. L’apprenti est un salarié et bénéficie des mêmes conditions que ses collègues. Les horaires de travail peuvent beaucoup varier selon l’entreprise et l’âge de l’apprenti. Par exemple, les mineurs ne peuvent pas travailler les week-ends et jours fériés. De façon générale, le contrat d’apprentissage est établi sur une base de 35 heures, avec un système pour récupérer les heures supplémentaires en jour de repos ou en rémunération. En revanche, le salaire est fixé selon des grilles établies en fonction de l’année de contrat et de l’âge de l’apprenti. Il y a un cas particulier pour les contrats de travail qui se succèdent : la rémunération ne peut pas être inférieure à celle du précédent contrat. Enfin, un maître d’apprentissage doit être explicitement nommé dans le contrat : il s’agit de l’employeur, d’un salarié de l’entreprise ou du conjoint collaborateur. Il ou elle sera la personne-ressource aussi bien pour l’apprenti que pour l’école et s’engage à être disponible pour accompagner l’élève dans l’entreprise.
Du temps est-il dédié en entreprise pour les travaux et révisions scolaires ?
L. B. : La préparation des travaux et des examens se fait surtout en cours. Toutefois, si l’étudiant a besoin de plus de temps pour étudier en période d’entreprise, il peut poser jusqu’à 5 jours de congés payés par contrat, dédiés à la révision. L’apprenti ne pose pas de congés pour son jour d’examen final, qui est considéré comme un jour de travail. Il n’y a pas d’incidence sur le contrat d’apprentissage si l’élève échoue à son examen final. En effet, l’apprenti ne s’engage pas auprès de l’entreprise à la réussite de la formation même s’il va tout faire pour.
Est-il possible de changer d’entreprise en cours de formation ?
L. B. : Oui, comme pour tout contrat de travail, il y a une période d’essai de 45 jours travaillés en entreprise pendant laquelle il est possible de rompre le contrat de façon unilatérale et sans justificatif. Au-delà de cette période, il est possible de mettre fin au contrat à condition de trouver un commun accord entre l’entreprise et l’apprenti. L’élève devra ensuite refaire les démarches pour trouver une nouvelle entreprise. Si l’apprenti rencontre le moindre problème avec l’entreprise d’accueil, il ne faut surtout pas hésiter à en discuter avec une personne du CFAA. Un médiateur de l’apprentissage peut être saisi en cas de besoin, mais il n’est pas l’interlocuteur premier de l’apprenti. Les élèves arrivent souvent à rebondir suite à une rupture de contrat et à s’épanouir dans une entreprise différente.
Quel(s) conseil(s) donneriez-vous aux élèves qui envisagent de faire ce parcours ?
L. B. : Il faut faire attention avec l’idée que l’apprentissage en CAP ou en Bac pro est uniquement destiné aux personnes qui ne sont pas à l’aise dans un cadre scolaire. Ce n’est pas une vision correcte. Il faut bien comprendre que l’élève, en sortie de collège, doit assumer son statut de salarié et évoluer dans un environnement de travail au quotidien. L’apprentissage demande beaucoup d’investissement.
— Propos recueillis par Amélie DI BELLA (Tribune Verte 3015)
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