Enseigner en BTSA Darc : S’adapter à la culture et aux traditions
Enseigner dans une contrée que l’on ne connaît pas, avec des productions que l’on ne maîtrise pas. C’est le pari qu’a fait Christelle Meneghel en devenant professeure d’agronomie auprès des BTSA Darc de la Réunion.
C’est une envie d’ailleurs qui a mené Christelle Meneghel à enseigner sur l’île de la Réunion. Il s’agissait pour elle, après ses études d’ingénieur à l’Isara de Lyon, de découvrir l’agriculture au-delà des frontières de l’Hexagone. Une opportunité d’occuper le poste de professeure d’agronomie à l’EPL de Saint-Paul a fait le reste. « J’étais très intéressée par l’enseignement, mais je n’avais aucune expérience en la matière lorsque j’ai été embauchée », raconte l’enseignante.
Directement dans le bain
Sans filet, elle se lance donc dans un très lourd travail de recherche documentaire pour assurer ses cours. « Je n’avais pas de supports et la documentation disponible au lycée n’était pas bien récente. Ce n’est pas comme un cours de mathématiques, où les choses sont cadrées. Ici, il a fallu un énorme travail pour m’approprier seule les données locales, comme la culture de la mangue ou de la canne à sucre que je ne connaissais pas du tout. On apprend beaucoup pour retransmettre une toute petite partie. Ma grande angoisse était de ne pas tenir une heure », explique Christelle Meneghel. Les collègues sont heureusement présents pour donner quelques conseils, mais ils ne séjournent guère dans l’établissement au-delà de leurs heures de cours.
Très vite s’est posé le problème des évaluations : comment faire lorsque l’on a aucune référence ? S’il est intéressant de laisser de la liberté à l’enseignant, le référentiel est très large, surtout en agronomie tropicale. « Je ne savais pas dans quelle direction partir, alors je me suis basée simplement sur les épreuves d’examen. »
Elle se retrouve donc face à une trentaine d’étudiants en BTSA Darc et Gemeau. « J’ai particulièrement aimé les échanges constructifs avec les étudiants. Ce qui était très agréable, c’est la diversité entre métropolitains, comoriens et réunionnais. Je me suis même retrouvée avec certains étudiants plus âgés que moi, mais j’ai eu la chance de tomber sur des jeunes très intéressés », détaille Christelle Meneghel. Des missions variées Fort heureusement, son travail ne s’est pas limité à l’agronomie proprement dite.
Christelle Meneghel était aussi référente pour le programme « enseigner à produire autrement » du ministère, avait en charge un module d’apiculture et organisait de nombreuses visites sur le terrain jusqu’à Madagascar. L’enseignement était donc complété par un travail d’animation. Christelle Meneghel n’est restée qu’un an à la Réunion, mais elle en garde un très bon souvenir, surtout pour les relations avec les jeunes, très ouverts et curieux. « Ce qui m’a aidé, c’est d’arriver en voulant m’approprier la culture locale et ses particularités », confie-t-elle. Des méthodes pédagogiques, elle retient la nécessité d’introduire toujours plus d’interactions avec les étudiants et de ne surtout pas négliger les contacts avec les professionnels. « Ce n’est pas toujours facile avec des enfants d’agriculteurs qui veulent conserver le modèle familial sans prendre le recul nécessaire », poursuit-elle.
Christelle Meneghel rentre en France avec « l’impression de ne pas avoir assez de vécu à transmettre ». Elle décide alors de s’orienter vers la production caprine et d’aller sur le terrain en intégrant le service de remplacement après avoir passé un certificat de spécialisation. Elle travaille aujourd’hui chez Auvergne Estives, en tant que chargée de mission pastoralisme, mais elle serait prête à retravailler dans l’enseignement, pour le relationnel avec les élèves.
— Marc GUILBAUD (Tribune Verte 3031)
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