Un grand cru pour les Sitevi Innovation Awards 2023

Quelles sont les innovations marquantes de l’année en viticulture et arboriculture ? Pour se faire une première idée, la liste des nommés aux Sitevi Innovation Awards 2023 a été présentée le 28 septembre dernier à Montpellier. Une édition très riche puisque le jury a retenu 37 dossiers candidats sur 106 dossiers déposés. Rendez-vous le 28 novembre, premier jour du Salon, pour découvrir les lauréats.

Selon le directeur du Sitevi, Christophe Lecarpentier, « l’innovation fait partie intégrante de l’ADN du Salon ». Une affirmation que ne sera pas démentie cette année par le cru des Sitevi Innovation Awards : 76 exposants inscrits, 106 dossiers déposés, soit une augmentation de plus de 80 % par rapport à l’édition 2021. Sous la présidence de Christophe Riou, directeur général de l’Institut français de la vigne et du vin, le jury, composé de plus de 20 membres, directeurs scientifiques, chargés de recherche, ingénieurs, professeurs, mais également utilisateurs récurrents de matériels, a retenu 37 dossiers pour être nominés. Les lauréats seront révélés lors d’une soirée spéciale, le mardi 28 novembre.

Quelles sont les grandes tendances en matière d’innovation ?

Les dossiers d’innovation présentés proposent une palette très large de matériels, produits et services couvrant tous les pans de la viticulture, de l’oenologie et des filières arboricoles et oléicoles. Trois tendances majeures se dégagent. La première concerne cette année encore le numérique et ses applications. La deuxième tendance porte sur l’amélioration de la productivité mais tout en assurant l’aide à la conduite, le confort et surtout, la sécurité. Enfin, la dernière tendance, qui prend de plus en plus d’importance, porte sur la réduction de l’empreinte environnementale des activités agricoles, en particulier la décarbonation de l’agriculture. Tribune Verte vous propose de mettre en lumière quelquesunes de ces innovations.

— Aude BRESSOLIER (Tribune Verte 3029)

Mage Application : Un sécateur anti-coupure

Les sécateurs SAM 35 et SAM 45 sont dotés d’une technologie permettant d’éviter les coupures. L’opérateur porte sur sa main libre un bracelet électronique d’une autonomie de 30 heures qui communique avec le sécateur. Lorsque celui-ci se retrouve à à une certaine distance du bracelet, et donc de la main, il se stoppe immédiatement. « Nous avons réglé cette distance en sortie d’usine à 25 cm, mais elle peut être modifiée, indique Marcel Lorini, dirigeant de Mage Application. Il est également prévu que si la personne n’a pas le bracelet au poignet, l’outil ne fonctionne pas. » En cas d’oubli du bracelet, si l’utilisateur veut néanmoins utiliser le sécateur, une procédure l’y autorise, « mais ce sera alors de sa responsabilité s’il a un accident ». Mage Application a par ailleurs réduit le poids des deux modèles en les séparant de leur batterie, portée à la ceinture. Le SAM 35 pèse 700 g et peut être utilisé toute une journée. Comme son nom le laisse deviner, son diamètre de coupe est de 35 mm, et celui de SAM 45 est de 45 mm. En outre, l’ouverture du sécateur peut être réglée manuellement ou par le smartphone, afin d’affûter la lame ou pour couper de petites branches.

Studio NYX & Consortium Vinum : Se former à la taille grâce au numérique

Ampélos est le nouveau service numérique de formation à la taille de vignes pour les écoles et les entreprises. Il permet de se former à la taille grâce à l’immersion complète de l’utilisateur dans un environnement 3D réaliste. Ce projet est piloté par le programme Vinum qui regroupe une cinquantaine de partenaires publics et privés. L’objectif est de former des tailleurs débutants et perfectionner les tailleurs professionnels à la taille « vertueuse », en s’affranchissant des contraintes saisonnières. Il s’adresse donc aussi bien aux chefs d’exploitation viticole qu’à leurs salariés ou qu’aux centres de formation. Ampélos propose des contenus pédagogiques pour mieux comprendre les effets des maladies du bois sur la vigne et les conséquences des pratiques de taille vertueuses, ainsi que des travaux pratiques sous forme d’expérience immersive en réalité virtuelle, selon des règles définies par les maîtres tailleurs et éprouvées sur le terrain. Il répond également à un enjeu important : celui de la santé et de l’exposition aux troubles musculosquelettiques. Une bonne formation à la taille permettra l’adoption d’une meilleure posture, en plus de valoriser l’expertise et la propre perception du tailleur. Au-delà des formations, Ampélos permet de communiquer envers les jeunes pour l’attractivité des métiers en tension de la filière viticole.

New Holland : Des tracteurs vignerons plus confortables

Plus de confort et moins de vibrations, c’est ce que permet Comfort Ride™, cabine suspendue qui équipe les tracteurs vignerons étroits T4V et T4N de New Holland, sans impact sur la largeur hors tout du tracteur (1,06 m). La performance visée est une réduction de plus de 60 % des vibrations lors des trajets routiers et de 15 % lors des travaux aux champs. L’objectif ? Offrir au chauffeur d’un tracteur vigneron étroit le même niveau de confort qu’un tracteur grande culture de forte puissance. Elle sera disponible sur le marché courant 2024.

Exxact Robotics : Une pile à hydrogène pour faire avancer le traxx consept H2

Très similaire à son grand frère Traxx à moteur thermique diesel, l’enjambeur autonome Traxx Concept H2 dispose d’un moteur électrique alimenté par une pile à combustible hydrogène. « La pile à combustible puise de l’hydrogène dans les réservoirs de la machine et absorbe de l’oxygène dans l’air, ce qui crée de l’électricité, de la chaleur et de l’eau, explique Camille Enderlen, cheffe de projet chez Exxact Robotics. Cette électricité permet ensuite de faire tourner le moteur électrique qui alimente les quatre moteurs hydrauliques de roues. » Deux petites batteries électriques supplémentaires fournissent de la puissance et de la réactivité en cas d’efforts soudains. D’une puissance de 35 kW, soit l’équivalent de 47 chevaux, le Traxx Concept H2 est moins lourd qu’un enjambeur électrique puisque sa pile pèse 350 kg, contre environ 700 kg pour une batterie électrique. Il peut contenir 9,4 kg d’hydrogène gazeux stockés à une pression de 350 bars. Cela lui assure dix à 12 heures d’autonomie. Il suffit d’une dizaine de minutes pour le recharger, mais les stations publiques sont encore rares et les stations privées coûteuses. « Notre démarche consiste à en apprendre plus sur cette technologie, souligne Camille Enderlen. Nous avons décidé de nous y intéresser par ce qu’elle répond à la demande des viticulteurs de décarboner leur vignoble et qu’elle ne bouleverse pas leurs habitudes. »