Terre 2 cultures : Initiative solidaire : Employer des réfugiés dans l’agriculture
L’association Terre 2 cultures (T2C) accompagne depuis 2018 des réfugiés afghans pour trouver un emploi dans le secteur agricole. Cinq ans plus tard, plus de 400 réfugiés ont été recrutés chez seize agriculteurs partenaires.
En 2020, près de 70 000 postes n’étaient pas couverts dans le secteur agricole d’après l’Anefa. Le manque indéniable de main-d’oeuvre en agriculture et la volonté de sortir les réfugiés de la rue ont poussé, un duo à imaginer, en 2018, une initiative solidaire. Rapprocher des professionnels agricoles et des réfugiés en recherche d’un emploi et d’une situation stable : voilà l’idée de deux bénévoles d’un foyer pour SDF. L’une est fille d’agriculteur, Pauline Vialaret, et l’autre un réfugié afghan, Laludin Aftab. Le concept leur semblait coller parfaitement « aux valeurs d’accueil des agriculteurs français », illustre Pauline Vialaret, directrice de l’association Terre 2 cultures (T2C).
Après une première année de travail bénévole et 85 réfugiés employés chez des exploitants de plusieurs départements à travers la France, le duo a créé l’association Terre 2 cultures. « Ma famille qui travaille dans le monde agricole m’a mise en contact avec des producteurs qui avaient envie de participer », se souvient Pauline Vialaret. L’association, qui a fêté ses cinq ans en janvier, dresse un bilan positif avec près de 400 réfugiés recrutés depuis le lancement.
« L’agriculture répond aux envies des réfugiés »
À travers neuf départements français, seize agriculteurs sont aujourd’hui partenaires du projet, avec des productions très variées : lait, oeuf, champignon, tomate, kiwi, pomme, etc. « Nous nous sommes rendus compte que notre public, essentiellement afghan, venait du milieu agricole ou artisanal avec un vrai savoir-faire manuel, relève la directrice de Terre 2 cultures. De plus, l’agriculture répond aux envies des réfugiés. Il faut savoir que ces personnes arrivent dans une urgence sanitaire et financière et viennent nous voir dans cette dynamique-là. Ainsi, pour certains, il s’agit de leur premier emploi, tandis que d’autres ont des projets pour l’avenir. »
L’association fait correspondre le besoin de la personne à la demande de l’agriculteur. Par exemple, quelqu’un qui ne souhaite pas travailler très longtemps sera dirigé vers un arboriculteur qui propose 3 mois de récolte, alors qu’un réfugié qui apprécie un métier se verra proposer un poste en CDI. « Nous réalisons des contrats de minimum 4 mois, nous ne sommes pas une boîte d’intérim ! », précise Pauline Vialaret. La finalité du projet : insérer les réfugiés dans la réalité des conditions de travail en France. La directrice de T2C appuie sur le fait que les réfugiés restent responsables du bon déroulement de leur contrat et de l’évolution de leur carrière professionnelle.
En plus de l’aspect emploi, l’association accompagne les réfugiés dans la recherche de logement. « Certains sont hébergés dans un logement collectif mis à disposition par l’employeur et les autres ont leur propre logement à travers le social ou le privé », explique Pauline Vialaret. L’association accompagne notamment les réfugiés sur le savoir-habiter et la gestion d’un budget.
Faciliter les échanges entre réfugiés et administrations
D’autre part, Terre 2 cultures apporte un accompagnement social global, à commencer par les démarches administratives : banque, médecin, cours de français etc. En effet, dans l’équipe de T2C, deux coordinateurs de projet s’occupent de faciliter les échanges entre les réfugiés et les interlocuteurs administratifs, mais aussi de les intégrer dans la vie sociale de leur commune. De plus, deux médiateurs culturels, également réfugiés afghans, traduisent et expliquent les consignes ou les mots techniques.
Paradoxalement, le monde agricole, qui a tant besoin de main-d’oeuvre, semble aujourd’hui fermé à soutenir le projet, confie Pauline Vialaret. « Il y a une absence totale de financement du monde agricole, déplore-t-elle. Nous travaillons avec le ministère de l’Intérieur, notamment à travers des tables rondes, et le monde agricole n’y est pas présent ! » Limitée par les moyens et une petite équipe, l’association ne cherche pas non plus à étendre le nombre d’employeurs agricoles. Néanmoins, elle souhaite comprendre les freins qui empêchent de recruter des personnes réfugiées dans le monde agricole.
— Amélie DI BELLA (Tribune Verte 3034)
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