Maison Le Breton fait de l’intéressement un levier RSE
Depuis 2020, le vigneron de l’Hérault intéresse sa douzaine de salariés aux performances économiques de l’entreprise. Le montant est également lié à des critères de responsabilité sociale et environnementale.
Maison Le Breton affiche d’emblée la couleur, sous la forme de trois B : le bon, le bien et le beau. Depuis 2008, lorsqu’il a fait l’acquisition du domaine et de l’entreprise de négoce situés près de Montpellier, Bruno Le Breton s’est en effet engagé, avec son épouse, dans la transition agroécologique et la RSE. La maison, qui exploite 50 hectares de vignobles, conjugue au quotidien les qualités de goût de ses vins, les qualités sociales et environnementales du travail et la beauté.
Si l’idée est d’embrasser toutes les parties prenantes avec lesquelles le vigneron a mené une réflexion sur un plan d’action, l’ambition est aussi d’impliquer la douzaine de salariés. D’où un plan d’intéressement. En vigueur depuis 2020, il est fondé sur les performances économiques de l’entreprise, mais aussi sur des critères reprenant les trois B.
Augmentation de la prime
Ainsi, l’un d’eux est lié à un pourcentage de médailles reconnaissant la qualité. « L’objectif est d’avoir 60 % de nos vins médaillés, précise Bruno Le Breton. Actuellement, nous en avons 65 %. Si nous arrivons à 70 %, cela déclenchera une augmentation de la prime d’intéressement de 25 % sur ce critère. » Par ailleurs, « le glyphosate a été éliminé et ne figure plus dans les critères. Mais nous en avons mis un autre, qui consiste à avoir 60 % du vignoble enherbé », poursuit-il. En outre, « les salariés sont chargés d’organiser et de suivre, chaque année, trois ateliers de formation aux bons réflexes sécurité. S’ils en organisent cinq, la prime sera augmentée de 150 % sur ce critère. Trois ont déjà été réalisés, ce qui signifie que cette prime sera au moins versée dans son intégralité », indique-t-il. Enfin, des critères sur la consommation de gasoil pour les tracteurs, d’eau pour le lavage des bouteilles (réutilisée pour d’autres usages), et les économies d’électricité, sont également inclus. Quant au « beau », il s’agit d’évaluer, de façon régulière, si l’entrée du domaine, par exemple, est bien tenue, la pelouse bien tondue, les
palettes bien rangées…
Indicateurs
Autant de critères co-construits, à base d’indicateurs pour les contrôler – dont la hauteur de l’herbe pour la pelouse. « Tous les ans nous discutons d’une vingtaine de critères et la direction choisit les plus adéquats », explique le dirigeant. Ce sera 12 cette année. Tout ne s’est pas fait sans heurts. « Les salariés se demandaient pourquoi il fallait ces critères », se souvient Bruno Le Breton. Puis, ils en ont compris l’aspect pédagogique, sur la sécurité au travail comme sur les économies d’énergie et d’eau. Mieux, ces efforts permettent de davantage connaître le métier des autres. Avec à la clé une meilleure cohésion. « Chacun, qu’il soit dans les vignes ou à l’administration, comprend qu’il participe à la qualité de nos produits et à notre impact positif », résume le dirigeant. Cependant, alors que l’intéressement était versé au prorata en fonction d’un temps plein ou partiel, mais aussi du salaire, « il se fera désormais au seul prorata temporis et sera associé à un bonus pour l’ancienneté », indique-t-il.
Attirer des talents
Ce plan vise-t-il aussi à attirer et retenir les talents ? En fait, c’est surtout la volonté d’embaucher des personnes, et non des compétences, qui séduit. « Notre chef de culture n’avait jamais travaillé dans la vigne auparavant », sourit le vigneron. En outre, les salariés ont écrit une note qui apparaît dans chaque annonce et décrit ce que l’entreprise a à offrir. En plus de l’intéressement, ils soulignent aussi bien le plan d’épargne retraite que le potager qui permet de cultiver des légumes à cuisiner chez eux… « Ce sont tous ces éléments qui font que certains nous rejoignent », conclut Bruno Le Breton.
— Lys ZOHIN (Tribune Verte 3029)
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