La filière du paysage, une filière active en recherche de candidats
Quels sont les débouchés dans le secteur du paysage ? Quelles sont les structures qui recrutent ? Quelles sont les compétences recherchées par les employeurs ? Autant de questions auxquelles répondent pour vous Laurence Stey et Nathalie Riou, de l’Apecita.
Quels sont les principaux métiers de la filière paysage et quels sont les principaux diplômes pour y arriver ?
Nathalie Riou : Cette filière est un secteur très diversifié qui compose avec de nombreux métiers. Le secteur du paysage offre des emplois variés, de la conception à l’entretien en passant par la réalisation de jardins particuliers, de parcs urbains ou d’ensembles sportifs, le paysagisme d’intérieur, mais aussi les opérations de boisement et de reboisement. Ce sont principalement des métiers de terrain.
Dans le domaine de l’entretien et de la réalisation, on retrouve les métiers d’ouvrier paysagiste, de maçon du paysage, de chef d’équipe, de chef de chantier, de conducteur de travaux, de paysagiste/décorateur d’intérieur, de responsable des espaces verts d’une collectivité… Le secteur du boisement ou du reboisement offre des postes d’élagueur/ grimpeur et de reboiseur. Dans la conception, on retrouve des postes d’assistant concepteur, de concepteur du paysage, d’architecte paysagiste, de dessinateur, de technicien bureau d’études et de responsable d’études. On dénombre aussi beaucoup d’opportunités dans des métiers connexes, comme ceux liés à la formation et à l’enseignement ou encore à la logistique et au matériel. Enfin, dans l’ensemble de la filière, on retrouve également tous les métiers liés au commerce.
Vous trouverez des exemples plus précis de métiers dans la carte mentale ci-contre.
Laurence Stey : Cette importante diversité de métiers est accessible à tous les niveaux de formation, du CAPa jardinier- paysagiste à l’ingénieur, en passant par le Bac pro, le BTS et la licence professionnelle. Ces formations sont dispensées par le biais de la formation initiale scolaire ou par la voie de l’alternance. D’autre part, avec la formation tout au long de la vie, les salariés et les chefs d’entreprises ont la possibilité d’enrichir leurs connaissances. Ils peuvent se perfectionner à travers des formations qualifiantes pour acquérir des compétences spécifiques reconnues dans le domaine. Pour plus d’informations, n’hésitez pas à vous rendre sur le site www.agrorientation.com et à consulter l’article en page XVII qui détaille plus largement le panorama des formations dans le secteur du paysage.
Quelles sont principales compétences et qualités recherchées par les recruteurs ?
N. R. : La principale capacité attendue par les recruteurs est la qualification, c’est-à-dire la technicité et la bonne connaissance des végétaux. La motivation est aussi un point important. Les métiers de l’entretien et de l’aménagement nécessitent d’avoir de bonnes aptitudes physiques. Du sérieux, un sens de l’observation, de l’organisation, de la réactivité et de la disponibilité sont également des qualités recherchées. Des aptitudes au travail en équipe sont souvent nécessaires, notamment pour les chefs d’équipe, ainsi qu’un bon sens du relationnel pour transmettre les consignes. Enfin, pour les métiers en relation avec la clientèle ou les fournisseurs, des compétences commerciales et un bon sens de l’écoute sont attendues.
L. S. : Sachez également que si vous comptez vous installer à votre compte, il faudra aussi être un bon gestionnaire : savoir utiliser son réseau professionnel, gérer son agenda, les chantiers en cours…
Globalement, comment se porte le marché de l’emploi dans la filière ?
L. S. : D’après les derniers chiffres de l’Unep, le secteur se porte bien et génère un chiffre en constante hausse, qui atteint aujourd’hui les 7,7 milliards d’euros. On compte aujourd’hui plus de 32 000 entreprises contre 28 000 il y a seulement 5 ans. Même si près des deux tiers d’entre-elles n’emploient aucun salariés, on dénombre plus de 132 000 actifs. Depuis deux ans, on parle de plus de 22 000 créations nettes d’emploi en France. Près de 12 000 offres étaient à pourvoir en 2022 !
Quels sont les principaux atouts de cette filière ?
N. R. : Tout d’abord, pour ceux qui aiment la nature et les travaux extérieurs, la filière du paysage est attirante, car elle donne accès à des métiers « passion ». Les salariés travaillent dans le domaine du vivant : le végétal. Ainsi, les activités évoluent en fonction des saisons. De plus, cette filière propose de réelles perspectives d’évolution. Nombreux sont les chefs d’entreprise, les conducteurs de travaux ou les directeurs d’agence qui ont commencé comme ouvriers paysagistes ou chefs d’équipes. Les entreprises du secteur n’hésitent pas à investir dans la formation continue de leurs collaborateurs. Ainsi, selon le baromètre de l’Unep, 22 % des salariés des entreprises du paysage ont été formés en 2022.
L. S. : C’est également un secteur qui joue pleinement son rôle dans l’intégration des jeunes dans le monde du travail, avec près de 14 000 étudiants accueillis en apprentissage. Enfin, il offre une certaine stabilité à ses salariés : toujours selon le baromètre de l’Unep, plus de 83 % des employés des entreprises du paysage sont en CDI et 95 % travaillent à temps complet. L’ancienneté moyenne des salariés au sein de la même entreprise est de 6,5 ans.
Existe-t-il des métiers « en tension » où les employeurs connaissent des difficultés à recruter ?
N. R. : Dans le secteur du paysage, les offres d’emplois sont plus nombreuses que les candidats. Dans ce contexte, de nombreuses entreprises rencontrent des difficultés à recruter. Selon l’Unep, 57 % d’entre elles ont eu du mal à recruter du personnel permanent au cours de l’année 2022. Elles mettent en avant trois principaux freins : l’absence de candidatures, les problèmes de qualification et le manque de motivation des candidats.
Voit-on se développer de nouveaux métiers, des métiers d’avenir ?
L. S. : Il n’y a pas réellement de nouveaux métiers, mais la filière s’adapte aux nouvelles demandes, notamment avec la gestion durable des espaces verts et l’approche « zéro phyto ». Les collectivités mettent notamment en place de nouveaux projets en lien avec cette démarche. Les recrutements avec cette spécificité sont de plus en plus nombreux.
N. R. : La filière paysage s’est aussi adaptée aux évolutions législatives, réglementaires et à l’émergence des services à la personne. Les entreprises tiennent de plus en plus compte de l’environnement à travers les techniques utilisées sur le terrain. Les formations proposées par les centres suivent aussi la tendance en intégrant cette dimension dans les cursus. On voit apparaître des licences professionnelles « gestion environnementale du paysage végétal urbain » ou des spécialisations d’initiative locale « Écopaysage : de l’aménagement à l’entretien écologique et raisonné des espaces verts ». Au-delà des travaux de plantation et d’entretien, des entreprises diversifient leurs activités avec, par exemple, la maçonnerie paysagère, la construction de terrasses ou la mise en place de bassins d’agréments.
Propos recueillis par Aude Bressolier
Zoom : Les 5 atouts de la filière
- Le contact avec la nature.
- Un fort potentiel d’évolution.
- Une grande diversité de métiers accessibles à tous niveaux de formation.
- Des entreprises de toutes tailles.
- Des emplois stables et souvent à temps plein
Zoom : Les chiffres clés de l’Apecita
En 2022, l’Apecita a traité 847 offres dans le secteur du paysage, dont 72 % en CDI. Les offres correspondant aux métiers de la production sont largement majoritaires avec 52 % (plus d’une offre sur deux), suivies par celles des métiers de la conception (21 % des offres) puis celles de l’enseignement et de la formation (17 % des offres).
Les formations Bac + 2 sont les plus recherchées dans les offres diffusées par l’Apecita, suivies par les niveaux Bac + 3/4, Bac + 5 puis Bac.
Les deux tiers des offres diffusées requièrent moins de trois ans d’expérience. Il est donc important de valoriser les stages ou l’alternance.
À l’Apecita, les régions qui recrutent le plus sont :
- l’Île-de-France (19 % des offres) ;
- à égalité, l’Auvergne-Rhône-Alpes, la Nouvelle-Aquitaine et l’Occitanie (11 % des offres) ;
- les Pays de la Loire (9 % des offres).
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